Malheureusement, très peu de familles pratiquent encore ce que l'on appelle chez nous, "le cacho-fio". Cette tradition est une cérémonie riche et forte en émotions car elle marque une transmission du plus ancien au plus jeune de la famille.
Avant le "Gros souper", le 24 décembre au soir, notre grand-père, Henri Fabre, accompagnait la plus jeune d'entre nous dans la "remise" pour choisir la plus belle et la plus grosse bûche, celle qui brûlerait toute la nuit. Devant la cheminée, devant toute la famille réunie, nous portions cette bûche avec lui, et notre grand-père prononçait haut et fort la cérémonie du "cacho-fio", en provençal:
Alègre, alègre ! Dièu nous alègre !
Calèndo vèn, tout vèn bèn !
Dièu nous fague la gràci de vèire l’an que vèn,
e se noun sian pas maï,
que noun fuguèn pas mèns !
Voici sa traduction en français :
Allégresse ! Dieu nous donne l’allégresse !
Noël vient, tout va bien !
Que Dieu nous fasse la grâce de voir l’an qui vient,
et si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins.
Chaque veille de Noël, devant la cheminée, nous sommes attachés à perpétuer cette tradition provençale, avec toujours beaucoup d'émotion et de communion familiale, avec nos derniers-nés...
Ensuite, nous nous attablons à la table du "Gros souper", le "repas maigre" qui est celui de la veille de Noël en Provence, avant de nous rendre à la messe de minuit. Les plats traditionnels provençaux étaient préparés plusieurs jours à l'avance par notre grand-mère : l'anchoïade, la "raïto" de morue, les treize desserts...
Aujourd'hui, avec notre mère et nos tantes, nous préparons à notre tour ces plats traditionnels, en suivant scrupuleusement la recette de notre grand-mère...